Yann Popelet, Assistant réalisateur, monteur

Yann Popelet, Assistant réalisateur, monteur

Je dessine depuis l’enfance. J’ai suivi la filière Arts plastiques à la faculté Saint-Charles à Paris, tout en menant des études d’esthétique en philosophie de l’art. Un ami m’a alors proposé de travailler avec lui sur un projet réalisé en animatique. C’est une technique appelée également vidéoboard qui permet de fournir aux animateurs les principales indications de timing et de mouvements de caméra qui apparaîtront à l’écran. On fabrique un document de travail qui se présente un peu comme une bande dessinée, avec les personnages et des indications sur la durée des plans et des sons, les dialogues et les « wallas » (cris et onomatopées).

J’ai utilisé cette technique pendant deux ans avant de passer à la série animée avec le logiciel Flash. Comme je faisais du kung-fu et que j’adorais ça, j’ai inventé un petit personnage chinois, mini Lee, qui fait des mouvements d’arts martiaux. Il veut devenir maître en atteignant l’attitude zen, mais il a un ennemi, Mosquito, un moustique qui vient à chaque fois le déconcentrer et le plonge dans des colères noires qui lui font perdre tout contrôle de lui-même. J’ai donc ainsi réalisé une série de 13 épisodes produite par Millimage et diffusée sur Internet. Ensuite le réalisateur Frédéric Mège m’a proposé d’être son assistant sur une série d’animation traditionnelle destinée aux enfants, Jasper le Pingouin.

Dans les métiers de l’animation, c’est une chance de pouvoir être polyvalent. Personnellement je me suis formé sur le tas, d’abord avec le logiciel Flash, qui permet de reprendre les dessins du story-board, de les mettre en couleur, d’ajouter de la musique puis de faire le montage. Le poids informatique des fichiers est très léger et cet environnement permet de travailler dans une grande autonomie et d’apprendre en faisant.

Même si dans la 3D beaucoup ne savent pas dessiner, je pense que c’est indispensable pour entrer dans l’animation. Sinon, il manque toujours quelque chose. En travaillant comme assistant réalisateur, je reprenais tous les éléments graphiques, les modèles packs, l’animatique de la série, mais je refaisais également les dessins sur le story-board avant de les envoyer aux studios.

Dans la chaîne traditionnelle de l’animation, la partie développement et création de la série se fait en France mais la mise en couleur est faite à l’étranger. A Millimage par exemple, après l’écriture du scénario et la création du story-board, tout part en studio. Le réalisateur reçoit ensuite les line-test, l’animation sans la couleur, puis il corrige les épreuves qui sont ensuite mises en couleur avant d’être retournées pour validation. L’entente est donc primordiale au sein du studio entre le réalisateur, son assistant et l’auteur du personnage. Il faut savoir travailler en équipe et pouvoir communiquer ensemble. Que cela soit avec le chargé de production pour tenir les délais de livraison de la série, avec les techniciens pour le story-board, l’élaboration des décors, le dessin et l’encrage, et bien sûr avec le réalisateur.

C’est un métier difficile avec parfois des lourdes charges de travail horaire, de l’ordre de 15 à 20 heures par jour. Il ne faut donc pas avoir peur des contraintes et des sacrifices. Cela demande beaucoup d’investissement, mais quand on est passionné cela finit par payer. Il faut être volontaire, ne pas avoir peur de prendre des initiatives, et savoir faire preuve d’imagination. Du point de vue des formations, j’ai travaillé aussi bien avec des autodidactes qui se sont formés avec de bons professionnels qu’avec des personnes formées dans des écoles réputées. J’ai moi-même beaucoup appris sur le tas avec un réalisateur, puis en faisant un stage de formation continue sur la 3D Compositing. C’est l’avantage de l’intermittence que de pouvoir à la fois travailler sur ses projets tout en continuant à se former.

(Témoignage publié dans l’édition 2005 du Guide des Formations)