Je me suis orientée vers les métiers de l’information après un DUT en documentation d’entreprise et une maîtrise en information-communication à l’IFP (Institut Français de Presse). J’ai d’abord travaillé pour différents journaux et magazines (Libération, Télérama, Le Nouvel Économiste), puis en documentation audiovisuelle à France 3 Ile-de-France et France 2. Je me suis lancée ensuite comme recherchiste, avec le statut d’intermittente, sur des magazines et des documentaires, avant de travailler à l’Ina, d’abord comme documentaliste puis comme formatrice et maintenant en tant que responsable de formation. Cette expérience des différentes facettes du métier de documentaliste et de ses évolutions m’aide à anticiper et à adapter nos formations.
Le diplôme de Documentaliste multimédi@s a été créé en 2010 par l’école Ina-Sup pour répondre aux nouveaux besoins des entreprises à l’ère numérique : traiter, valoriser et communiquer tous les supports, qu’il s’agisse de textes, de photos, de vidéos, de sons ou du web. Dans un univers de plus en plus collaboratif, il est essentiel pour les documentalistes non seulement de pouvoir assurer toutes les tâches du traitement documentaire, mais aussi de savoir travailler en équipe et d’échanger avec d’autres professionnels (informaticiens, techniciens, commerciaux, journalistes, réalisateurs, chargés de production ou de communication, community managers, webmasters…).
Si l’on prend l’exemple de la collaboration avec les journalistes, le documentaliste doit vérifier et valider les informations et les sources, qu’elles soient textuelles ou audiovisuelles, ce qui implique, dans le contexte de surabondance informationnelle du web, de pouvoir développer une méthode de travail efficace et rapide. La question des droits est également essentielle, qu’il s’agisse de l’utilisation des images, des sons ou des textes. Les journalistes et les documentalistes peuvent mettre en commun leurs compétences et travaillent en complète collaboration quand ils évoluent dans les médias sociaux et en complémentarité sur des projets de web-documentaires ou dans le cadre de la curation de contenus, lors de la vérification et de la validation des images amateurs ou encore dans le cadre du fact-checking (vérification de la fiabilité d’une information).
Dans le même ordre d’idées, lorsqu’une structure décide de mettre en ligne une collection de photos ou de rushes dans le cadre d’une mission de valorisation de son fonds, elle fait appel à un documentaliste multimédia pour l’indexation et l’éditorialisation de ses images, mais aussi éventuellement à des techniciens chargés de la numérisation de ce fonds et ensuite à un informaticien qui sera chargé de la création d’une base de données audiovisuelles, sans oublier le webmaster qui s’occupera de la création et de la mise en ligne du site internet. Dans ce cas, le documentaliste participera, en tant que chargé de projet, à l’élaboration du cahier des charges pour la numérisation du fonds et la création de la base de données. Il pourra également intervenir en tant que chargé d’éditorialisation en ligne des contenus multimédias.
Les débouchés du diplôme de documentaliste multimédi@s sont donc très variés : documentaliste tous supports, iconographe, recherchiste, curateur de contenus, documentaliste-journaliste ou encore chargé de numérisation de fonds audiovisuels. Ces métiers peuvent s’exercer dans les entreprises, les chaînes TV, les agences d’images, les institutions culturelles, les collectivités territoriales ou dans le monde du web.
La force de cette formation est d’être au plus près des besoins et du réseau professionnel. Il s’agit d’une formation en alternance, qui se déroule pour moitié en entreprise, sous la responsabilité d’un tuteur ou d’un maitre d’apprentissage, et pour l’autre moitié à l’Ina, sous la conduite d’intervenants qui sont le plus souvent également des professionnels en exercice. Cet ancrage de la formation en entreprise est très performant en termes d’acquisition des savoirs, savoir-faire et savoir-être. Les connaissances acquises sont ainsi aussitôt mises en pratique tandis que les tâches effectuées en entreprise sont analysées pour en formaliser des connaissances et une culture professionnelle. En complément, nous avons mis en place un accompagnement personnalisé sous la forme de TPI (temps pédagogique individualisé).
Les étudiants sont peu nombreux (20) et leurs profils sont variés : jeunes en apprentissage, salariés en reconversion venus d’horizons très divers. Le taux d’insertion professionnelle est élevé puisque sur notre première promotion, six avaient déjà trouvé un emploi avant la fin de leur formation et treize, trois mois plus tard, dont deux en CDI avec un niveau cadre. Les autres travaillent en CDD ou sous le régime de l’intermittence ou pour l’un d’eux avec un statut d’auto-entrepreneur. Cette insertion se fait soit dans l’entreprise d’accueil, soit grâce au réseau constitué par l’étudiant au fil de sa formation, soit par les offres d’emplois que les entreprises nous communiquent.
Les documentalistes sont à un tournant de leur vie professionnelle. Face à l’omniprésence du web, aux chantiers de la numérisation et à la production exponentielle de l’information et des contenus audiovisuels, ils ont une superbe opportunité de faire évoluer leurs compétences afin de les adapter à cette nouvelle donne.
(Témoignage publié dans l’édition 2012/2013 du Guide des Formations)