Avidia est une société prestataire de post-prodution. Nous travaillons avec tous les corps de métiers : nous avons une relation commerciale avec les producteurs, une collaboration avec les réalisateurs, les monteurs et plus généralement les professions intermittentes du spectacle. Il n’y a pas ou très peu de « vraie » maintenance, nous pratiquons le suivi technique du matériel, son intégration mais surtout son exploitation.
Seules les grandes chaînes et les gros prestataires, ceux qui installent et vendent le matériel, ont besoin d’un veritable service de maintenance technique et informatique. Les vrais techniciens de maintenance sont très appréciés, ils sont rares et chers, car trop le monde se dirige vers les tâches créatives ou d’exploitation, plus valorisantes en apparence.
C’est un métier qui réclame une très grande polyvalence car il faut s’adapter constamment aux évolutions technologiques. La tendance lourde est à la démocratisation des moyens techniques. Aujourd’hui, une partie non négligeable de la post-production peut se délocaliser directement dans les sociétés de production, dont beaucoup font l’acquisition de bancs de montage. A Avidia, nous intervenons davantage en aval, sur la finalisation des films : étalonnage, mixage, livraison du PAD (Prêt à Diffuser) aux chaînes. Nous employons des monteurs-truquistes, des étalonneurs, des graphistes et des mixeurs… Comme dans toute société, ce sont d’abord les hommes qui comptent, leurs qualités humaines, techniques et créatives. Plus que des outils techniques, nous devons proposer de très bons techniciens.
Les pôles de communication, TV, internet , câble et les supports de diffusion se développent plus vite que les sources de financement publiques ou privées. Paradoxalement il y a beaucoup plus de programmes à fabriquer pour à peine plus d’argent. In fine les films sont réalisés avec de moins en moins de moyen technique et humain.
L’audiovisuel est un secteur très particulier qui avec le statut de l’intermittence du spectacle créait un lieu d’apprentissage pour tous les postes techniques et administratif (stagiaire rétribué, assistant, chargé puis chef). Aujourd’hui ce système disparaît, les stagiaires ne sont plus payés, ils sont des étudiants classiques et ils sont très (trop?) nombreux…
Je suis effaré par le nombre dément de formations. Les différents organismes de formation sont irresponsables de créer des armées de chômeurs-intermittents. Il faudrait qu’ils se posent la question du nombre de jeunes formés qui s’entassent année après année comparé à ceux d’entre eux qui peuvent réellement s’établir dans le métier. Cela représente finalement très peu de gens. Nous sommes une société employant une dizaine de permanents et je reçois un ou deux CV par jour ! Je n’ai malheureusement plus le temps d’y répondre.
Dans le même temps, il y a peu de formations sérieuses. Aujourd’hui, les écoles privées comme les autres démultiplient les filières sans se soucier des débouchés. Il y a beaucoup d’abus avec les contrats de qualification sensés reproduire le principe d ‘assistanat, ces formations en alternance où les jeunes doivent décrocher un emplois avant même d’être formé puis sont sous-payés par certain employeurs qui pour les moins scrupuleux en profitent enfin, pour les remplacer par de nouveau contrat de qualification…
Je trouve dommage, au vu de l’offre de formations, de recourir aux écoles privées. Personnellement, je viens de l’université après avoir fait un BTS. Je continue de pencher pour ce type de formation, car il me semble que l’université favorise la réflexion et la polyvalence, et finalement une capacité plus grande à évoluer.
Les stages sont très importants car ils sont un moyen fantastique d’intégrer un réseau de connaissances, essentielles dans un milieu, qu’il s’agisse du documentaire ou de la fiction, le recrutement fonctionne principalement par cooptation. Je trouve à ce propos qu’il est dommage que les BTS ne proposent que des stages courts.
C’est un secteur qui exige de ceux qui veulent y entrer une très grande détermination. Une bonne polyvalence mariée à de sérieuses bases techniques sont indispensables. C’est enfin et surtout une question de personnalité, il faut être attentif, ouvert, avoir le maximum de cordes à son arc, décidé à aller au bout de ses projets.
(Témoignage publié dans l’édition 2003 du Guide des Formations)