Avant de devenir professionnel, j’avais un BTS Assurance, c’est dire que je n’étais pas destiné à travailler dans le spectacle, mais je donnais des coups de main pour l’installation de fêtes et de concerts et, un jour, j’ai voulu en faire mon métier. J’ai cherché du travail mais ce n’est pas un métier où l’on apprend sur le tas et les employeurs m’ont renvoyé sur des stages de formation. Après une formation d’un an, j’ai enfin pu me faire embaucher chez un prestataire. Je travaillais au stock, où je testais et nettoyais le matériel qui rentrait de prestation. Il y avait aussi un service de maintenance et de réparation du matériel. Beaucoup avaient un BTS Exploitation-maintenance, ou avaient fait des études en électronique.
Je suis aujourd’hui technicien d’exploitation vidéo pour des sociétés prestataires de services, et j’interviens sur des salons, des expositions, des évènements sportifs ou culturels. Ces sociétés louent à des clients du matériel audiovisuel et des techniciens spécialisés chargés de la logistique et de l’exploitation sur le site. La vidéo peut servir de support décoratif, pour les plateaux télévisés par exemple, ou pour diffuser de l’information, lors de conventions ou de séminaires d’entreprise.
Les progrès de l’électronique et de l’informatique ont permis d’améliorer considérablement l’offre de diffusion. Auparavant, on disposait seulement de projecteurs diapo, 16 ou 35mm. On utilise aujourd’hui des écrans plasma ou LCD et des vidéoprojecteurs, dont la marque Barco est la plus connue. Ces vidéoprojecteurs sont capables de projeter aussi bien de la vidéo analogique qu’un signal informatique, et sont pilotés à partir de consoles d’effets numériques. Pour les projections en plein jour, lors de concerts ou d’événements sportifs par exemple, on utilise des murs de Led, qui sont un assemblage d’ampoules miniatures utilisant les trois couleurs primaires RVB. Ces murs peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres carrés.
Le technicien d’exploitation doit connaître parfaitement l’ensemble de ces appareils et techniques de diffusion et doit savoir les réparer. C’est donc quelqu’un qui a une formation pointue en maintenance. Il doit pouvoir réagir en situation face à des imprévus, que ce soit en cas de panne ou de dysfonctionnement des appareils. Il faut donc se familiariser avec toutes sortes de matériel, écrans géants, murs d’images, projecteurs, moniteurs vidéos et informatiques. Il faut aussi des compétences en électricité et en informatique pour repérer l’ampérage avant de se brancher ou pour câbler les appareils de diffusion à partir des sources vidéos ou informatique. Enfin, le technicien d’exploitation doit pouvoir proposer le matériel le mieux adapté au projet et joue ainsi un rôle de conseiller technique auprès des clients. Il faut donc aussi avoir une bonne présentation et être à l’écoute de la demande.
La prestation pour un évènement se déroule selon trois phases successives : montage, exploitation et démontage. Les différentes équipes de décoration, son, vidéo et lumière interviennent lors du montage pour installer le matériel. Les équipes techniques collaborent avec la décoration pour incruster les appareils dans le mobilier. Des régisseurs techniques préparent à l’avance puis veillent à la bonne coordination des différents corps de métier. Le matériel est installé selon une charte très précise. On tire le câble pour relier le vidéo-projecteur aux différentes sources vidéos et informatiques. Les principales sources utilisées sont des magnétoscopes Betacam et souvent des PC portables. Dès que l’installation est faite, on fait l’exploitation selon la mise en scène prévue et l’arrivée des intervenants. La vidéo collabore ainsi avec la lumière et le son.
C’est un métier où il faut se former en permanence car les technologies évoluent sans cesse. Le marché du travail est dur, avec une mise en concurrence permanente avec d’autres techniciens intermittents. Les horaires sont de l’ordre de 13 à 14 heures par jour, entre l’installation qui démarre à 5 heures du matin et l’exploitation qui peut finir à 23 heures. Il faut donc être endurant et fort psychologiquement. C’est un métier qui exige une totale disponibilité et en même temps une grande polyvalence. On peut travailler un jour sur un concert et le lendemain sur un match de rugby, un congrès d’entreprise ou pour un studio multimédia. Il n’y a pas de vacances ou de week ends qui tiennent. Il vaut mieux être costaud car on transporte le matériel et on fait beaucoup de manutention. Il faut donc aussi une bonne forme physique. Il faut aussi une grande résistance mentale car, quand la fatigue arrive, on ne peut se permettre de se fâcher avec le client.
(Témoignage publié dans l’édition 2005 du Guide des Formations)