"Les Petits pois", de Bertrand Latouche

« Les Petits pois », de Bertrand Latouche

« Les Petits pois » est un conte poétique, l’histoire d’une rencontre opportune entre un joueur de pétanque à la retraite (Jeanjean) et un releveur de compteurs au chômage (Maurice Levar) dont la nourriture de prédilection, les petits pois, n’est pas sans analogie avec le jeu de boules…

Le film, qui une fois monté, devrait être d’une durée de 20 minutes, a été tourné en super 16 (l’option 35 mm ne pouvant être retenue pour des raisons budgétaires).

Ce deuxième film a été coproduit par un producteur spécialisé dans le court (Injam Production) et une structure associative régionale (Les Films du Funambule). Cette association a servi de relais auprès institutions et entreprises régionales, ce qui est important dans la mesure où les producteurs parisiens connaissent rarement les interlocuteurs locaux, tant sur le plan administratif que matériel (je pense ici en particulier à une aide de certaines entreprises et à une aide logistique importante de la ville de Nantes). La participation d’une telle association à la production valorise en outre la dimension régionale du projet auprès des institutions et des entreprises.

Le budget estimatif, salaires compris, est de 480.000 francs. Le film a été entrepris avec 160.000 francs, avec l’espoir d’un complément de budget de 90.000 francs minimum pour la post-production, soit un total de 250.000 francs pour la bonne fin du film.

Les participations financières se répartissent sur le budget global comme suit :
— 45% du budget correspond aux participations des techniciens et des comédiens (pas de salaires, mais intéressement sur d’éventuels bénéfices), ce qui représente la part la plus importante du budget ; et si je le souligne, c’est — on ne le sait que trop — que la grande majorité des courts métrages se font sans salaires et que pour cette raison ils sont parfois « oubliés » dans l’apport budgétaire. Et c’est précisément cet « oubli » qui peut pousser un réalisateur ou un producteur à s’éviter la peine de chercher l’argent correspondant aux salaires. Ce qui est injuste. Nous avons affaire avant tout à des professionnels, et leur passion pour un projet ne doit pas nous amener à faire l’impasse sur les rémunérations.
— 10% du budget provient du Conseil régional des Pays de la Loire. Même si cette participation parait modeste, elle n’est pas à négliger. D’abord parce qu’il n’y a pas de petits apports en ce qui concerne la production du court métrage, mais aussi parce que c’est une reconnaissance qui stimule pour aller de l’avant.
— 25% du budget a été apporté par le CNC, aide déterminante pour lancer la production du film.

Reste donc, — à l’heure où ce texte est écrit (janvier 1995) 20% du budget à trouver (tout argent supplémentaire servant au paiement des techniciens et comédiens).

On pourrait facilement croire qu’il existe un effet « boule de neige » concernant les financements, mais je ne le pense pas (sauf peut-être dans le cas d’un pré-achat TV). Ce n’est pas parce qu’une région subventionne un projet que l’on obtiendra une aide financière d’une ville, d’un département, ou du sacro-saint CNC. L’inverse — l’influence d’une décision favorable du CNC sur une décision régionale — est par contre plus vraisemblable, même si je ne l’ai pas vérifié puisque la décision du CNC est tombée — dans mon cas — après la décision du Conseil régional. J’attends maintenant de savoir s’il est possible d’envisager une rallonge budgétaire de ce dernier.

Chose remarquable en ce qui concerne les choix de projets de la commission du Conseil Régional des Pays de la Loire, c’est qu’elle donne la possibilité d’exister à des projets qui n’ont pas reçu d’aide du CNC, dans la mesure où le budget reste moyen. Ce fut le cas de mon premier film.

Je trouve par contre regrettable la tendance à généraliser les subventions après tournage, sur visionnage des rushes, ou après montage, sur présentation de la copie de travail. La Commission examine votre projet, se déclare intéressée, mais attend la réalisation, en vous faisant espérer une subvention. Cette pratique, même si elle est compréhensible, ne me semble pas bonne, car c’est bien souvent au tournage que le besoin d’argent se fait sentir. Ce procédé pousse le réalisateur à un « jusqu’au boutisme » qui lui fait commencer son film sans argent, et souvent dans de mauvaises conditions. C’est donc directement le film qui en pâtit. Je suis persuadé qu’il faudrait de la part des commissions un engagement net avant le début de la réalisation.

Je pense également que les aides devraient s’étendre à la diffusion du film. Il n’existe pas vraiment d’aide à la diffusion en région Pays de la Loire.

(Témoignage publié dans l’édition 2000 du Guide des Aides)