"Les attaches fines", de Richard Sidi

« Les attaches fines », de Richard Sidi

J’ai écrit quatre scénarios de court métrage dans une période assez courte d’un an et demi. Le premier d’entre eux fut « Vilain Petit Cafard », 12 mn, tourné en septembre 1999 en DV. J’ai pu réaliser ce film grâce au soutien du mécennat de la Maison Yves Saint Laurent (762,25 € / 5000 F) et en faisant appel à mes fonds propres (1 219,59 € / 8 000 F). Mon producteur d’alors a obtenu un préachat de deux chaînes locales (Citizen TV et Images Plus) et a pu ainsi déposer le projet au COSIP ce qui nous a permis d’obtenir une aide de 50 000 F, utilisée pour tirer une copie cinéma et rentrer dans mes frais. Le film a fait une carrière honorable dans des festivals (Lisbonne, Milan, Nuit du Court de la Semaine de la Critique, Vierzon) et a obtenu le Clap d’argent au festival de Sens.

J’ai tourné mon second film en mai 2000, il s’intitule « Lecture à froid » et dure 10 mn. Là encore j’ai fait ce film sans le soutien d’une aide institutionnelle et j’ai profité du format DV qui convenait bien au sujet et aux caractéristiques du tournage : une histoire traitant du harcèlement d’une comédienne en huis-clos et tourné sur le fil du rasoir en une nuit et demi. L’argent récolté par mon prix à Sens m’a permis de financer une partie du coût du tournage : 1 219,59 € / 8 000 F.? Pour la suite des opérations, j’ai été soutenu par les studios Duran pour la post-production et j’ai déniché un banc de montage gratuit en entrant en coproduction avec 15x20x30 Production.

En voyant la VHS de « Lecture à froid », la société Ostinato Production a été séduite et a bien voulu défendre le film. On a commencé à le présenter à des festivals qui acceptaient le format vidéo et trois d’entre eux l’ont sélectionné : Vierzon, Saint Denis et Aubagne. Il a été acheté par TPS cinéma, ce qui nous a permis de financer le kinescopage. Ce film peut donc avoir maintenant une carrière dans les festivals qui n’acceptent que le format pellicule, il vient d’être sélectionné à Château Arnoux et à Grenoble.

Mon troisième court-métrage « Les attaches fines » a suivi , quant à lui, la “voie royale » en terme de financement. Il a obtenu l’aide du CNC en décembre 2000 (39 636,74 € / 260 000 F environ) . Ceci m’a permis de tourner en super 16 avec une équipe importante (pendant plusieurs jours, l’équipe s’élevait à soixante-dix personnes sur le plateau, figurants, techniciens et acteurs compris), nous avons tourné sur huit jours en juillet 2001 à Paris, à Nogent, à Chevreuse et pour finir à Cabourg. Je suis d’autant plus ravi d’avoir concrétisé ce projet que cela faisait trois ans que j’essayais de le faire.

Le scénario a été maintes fois remanié (notamment au Moulin d’Andé où j’ai suivi une résidence d’écriture) avant d’obtenir finalement l’aide du CNC.
Pendant quinze jours, j’ai pu au calme, repenser la structure même du scénario.
Mes choix narratifs se sont trouvés confortés au cours d’une rencontre franco-américaine placée sous l’égide de la Sacem, toujours au Moulin d’Andé . Là, alors que je doutais beaucoup après avoir été ajourné au CNC, un script doctor m’a encouragé à persévérer en attendant de convaincre à une autre commission, ce qui fut le cas quelques mois plus tard.

J’adore le format court mais avec “Les attaches fines » j’ ai touché certaines de ses limites : n’ayant pas obtenu les financements complémentaires prévus, nous nous sommes retrouvés encore dans le système du quasi bénévolat. Peut-être que mon exigence au fil du temps s’est accrue mais j’ai eu énormément de mal à trouver des techniciens qualifiés bénévoles en juillet J’ai fini par trouver des gens hyper compétents, généreux et qui plus est, talentueux, mais il est vrai qu’un réalisateur de court métrage se place en éternelle position de quémandeur.

Je regrette de le dire mais l’économie actuelle du court métrage, sa diffusion encore limitée, me poussent vers le long métrage au détriment du format court. Alors que pour moi, court ou long, un film est une œuvre avant tout. Et cette œuvre doit répondre aux mêmes exigences. Il est dommage que le court-métrage, faute de moyens, soit si méprisé et cantonné dans le domaine de l’amateurisme.

(Témoignage publié dans l’édition 2004 du Guide des Aides)