Je m’occupe d’une association à Bordeaux qui s’appelle Tête à clap, qui organise des ateliers d’analyse d’images et de réalisation audiovisuelle à destination des élèves, des étudiants et des jeunes. Cette association fait aussi de la production de documentaires et de courts métrages.
Cette association a acquis aujourd’hui une reconnaissance régionale, bien que très peu de films soient produits en Aquitaine. Elle m’a permis aussi de me former à la pratique. J’ai commencé à produire plusieurs projets et à travailler sur divers tournages, pour finalement me rendre compte que ce qui m’intéressait, c’était d’écrire et de réaliser.
“Le sommeil d’Anna Caire” raconte l’histoire d’un homme qui, la nuit, sur une route des Landes, prend une jeune femme en stop. La jeune femme s’endort et il la ramène chez lui. Le lendemain, elle disparait et l’homme apprend que son épouse s’est tuée dans un accident de voiture… C’est un film sur les prémonitions, les réminiscences, la disparition, la frontière ténue entre le rêve et la réalité. Le film durera entre 15 et 20 minutes.
“Le sommeil d’Anna Caire” a gagné un concours de scénario à Albi, les Œillades.?Il a été publié dans la revue Synopsis et j’ai obtenu une aide en post-production de la région Midi-Pyrénées, assortie d’une somme de 6 000 € (40 000 F). Ensuite, j’ai obtenu 12 000 € (80 000 F) d’Aquitaine Image Cinéma (AIC), l’organisme spécialisé en région Aquitaine.
Le projet a été préselectionné à la commission du CNC,mais n’a finalement pas été retenu en plénière. Un producteur membre de la commission m’a toutefois proposé de rentrer en coproduction avec Tête à clap sur le projet et de rechercher de nouveaux financements.
En région, les soutiens restent rares mais l’AIC aide notre association pour la quatrième fois. Les dossiers de subventions en régions sont très axés sur la faisabilité matérielle (devis, plans de financement). Nous devons aussi fournir au comité de lecture (composé d’écrivains, dont Jean Vautrin, et de scénaristes) un engagement de diffusion, que nous avons à chaque fois obtenu auprès de différentes salles à Bordeaux. Les dossiers sont ensuite transmis avec un avis motivé au service culturel de la région.
Pour “Le Sommeil d’Anna Caire”, j’ai moi-même recherché d’autres financements auprès du Centre Régional des Œuvres Universitaires,qui m’avait apporté 760 € (5000 F) pour un court-métrage précédent, mais ils ont trouvé ce nouveau projet trop professionnel.
J’avais également bénéficié pour ce précédent projet d’une bourse Défi Jeunes de la Direction départementale de la jeunesse et des sports (1 500 € / 10 000 F ) et d’une aide de la Fondation Beaumarchais, de 1500 € (10 000 F). Il est difficile d’être à la fois réalisatrice et productrice d’un projet et j’essaye aujourd’hui de me dégager de ces questions de financements pour me concentrer sur la réalisation. mais il me semble qu’il y a des pistes de financements privés, avec des entreprises comme Gaz de Bordeaux qui a déjà aidé un court métrage par exemple, que l’on n’explore pas assez. Il ne faut pas hésiter non plus à mettre en place des partenariats au coup par coup, comme ‘association l’a fait avec un magasin de photocopies ou de fournitures.
Les aides régionales favorisent la venue d’importantes maisons de production extérieures (GMT, Télécip, GTV), mais semblent avoir peu d’impact sur l’emploi, la dynamisation des compétences et les dépenses sur place.
L’association a été un peu aidée à ses débuts par le Festival du Film d’Histoire de Pessac qui nous a passé commande d’un documentaire. Des moyens pour produire ou réaliser peuvent ainsi être dégagés mais nous restons très isolés en termes de distribution.
(Témoignage publié dans l’édition 2004 du Guide des Aides)