« Le Singe » est une adaptation d’une nouvelle de Jacques Pierre Amette, avec qui j’ai un projet de long métrage. C’est l’histoire d’un homme qui parle à son singe alors qu’il nettoie sa cage. On finit par sentir qu’il n’y a pas ou plus de singe depuis pas mal de temps. Le film dure 13 mn. 30.
J’ai commencé par faire un dossier, avec un scénario, un premier découpage, des notes d’intention sur l’image, la bande sonore, les personnages et des croquis du chef déco, le tout accompagné d’un devis, d’un plan de financement, d’un CV et d’une fiche technique concernant l’équipe. Etant scripte de métier, j’ai eu la chance de choisir mon équipe parmi des gens avec qui j’avais déjà travaillé et avec qui j’avais des affinités.
L’équipe était assez complète : un chef-opérateur et son assistant, un électro, un machino, un assistant réalisateur, un régisseur, trois stagiaires, un ingénieur du son et un perchman, un directeur de production, une script, une équipe déco, une costumière, une maquilleuse et une dizaine de comédiens.
J’ai d’abord déposé mon dossier au GREC ; la commission l’a accepté et m’a attribué 50.000F. Comme j’avais le GREC, J’ai pu déposer une demande à la commission du Thécif. Deux mois après, j’ai été convoquée pour un entretien. Ils m’ont alors donné (en coproduction avec le GREC) 60.000F. Avec ces deux aides, j’étais sûre de pouvoir faire le tournage. Très peu de temps après, j’ai obtenu 50.000 francs du Conseil Général du Val de Marne, département dans lequel je faisais le film. Pour chacune de ces aides, j’ai signé un contrat, selon lequel je m’engageais à rendre compte de l’utilisation de ces sommes, et de la bonne fin du film.
J’avais donc réuni au total 160.000 francs. On a fait le film en 35 mm grâce à la compréhension et à l’aide du laboratoire et des prestataires de service avec qui on a travaillé au forfait. J’ai pu faire le montage à la Femis. Comme sur la plupart des courts, les gens ont travaillé bénévolement. Pour payer l’équipe et les charges, il nous aurait fallu un budget d’au moins 450.000 francs.
Sept ans auparavant, j’avais réalisé un long métrage, diffusé en Belgique depuis peu. Entre temps, j’avais essayé de monter d’autres projets, refusés en commission. A force de ne jamais être parmi les « heureux élus », on finit par ne plus y croire.
Avec « Le Singe », ça a marché, pourquoi ? Sans doute parce que le projet était plus mûr, plus clair. Le risque pour les financeurs c’est de donner de l’argent et que tout s’écroule au dernier moment. Et puis j’ai eu sûrement de la chance aussi, car parfois ces conditions sont réunies et pourtant ça ne marche pas.
Sans ces aides, je n’aurais pas tourné « Le Singe ». Je ne voulais plus faire de films dans mon coin. Ce qui m’intéresse, c’est de travailler avec des gens qui misent sur un projet, qui eux aussi font exister les films, en les finançant, en les produisant, en les diffusant.
(Témoignage publié dans l’édition 2000 du Guide des Aides)