« Le jour du Bac » de Thomas Bardinet est un court métrage de fiction de 20 mn, qui raconte les aventures sentimentales de deux amis le jour des résultats du Bac.
Thomas Bardinet avait déjà fait un court métrage avec nous, « Caroline et ses amis », pour lequel il avait reçu une importante prime à la qualité du CNC (165.000 francs). Il voulait en faire un nouveau et était prêt à réinvestir une partie de cette prime dans la production de celui-ci. « Le jour du Bac » a été tourné en 16 mm. Le tournage a duré une semaine. Le budget était de 250.000 à 300.000 francs, tout le monde payé.
Le scénario achevé, nous avons fait une demande d’aide au court métrage au CNC, et obtenu 130.000 francs, ce qui nous a permis de tourner. Canal Plus a fait une lettre d’intérêt, en vue d’un achat.
Thomas Bardinet est originaire d’Aquitaine et tourne tous ses films là-bas. Nous avons donc demandé une aide au Conseil Régional. Le tournage étant terminé lorsque nous avons fait notre demande, celle-ci portait sur la post-production. Nous avons obtenu 100.000 francs, bouclant ainsi le budget du film.
Nous devions passer par une association régionale pour toucher cette aide. L’un des comédiens animait à Bordeaux une association d’aide aux comédiens de théâtre, Glapion. Cette association est devenue coproductrice du film pour pouvoir toucher l’aide et la reverser ensuite dans la production.
Les critères d’un Conseil régional sont, outre la dimension régionale, ceux qui prévalent habituellement : intérêt du scénario, existence d’un diffuseur, sérieux du plan de financement… Mais il peut exister également un aspect politique. En Aquitaine, par exemple, le projet est examiné successivement par au moins deux comités. Le premier, technique, donne un avis sur la faisabilité du projet. Le second est politique et concerne les élus. C’est lui qui prend la décision finale. Le Front National a ainsi réussi à bloquer des aides à des films qui avaient le tort de lui déplaire. « Le Jour du Bac », qui n’est pourtant pas très subversif, est passé à travers mais a été dénoncé dans un tract mettant en cause la politique culturelle du Conseil.
Cela n’a pas empêché le film d’être sélectionné par de nombreux festivals en France et à l’étranger. Il a reçu Le Grand Prix et le Prix Canal Plus (pré-achat du film suivant du réalisateur) au festival de Clermont-Ferrand en 1993, puis le Grand Prix de la Ville de Vendôme au festival « Images en régions », la même année. A part Canal Plus, il a été acheté par Telepiu en Italie, puis est sorti en salles. Aujourd’hui encore, sa carrière n’est pas tout à fait achevée.
(Témoignage publié dans l’édition 2000 du Guide des Aides)