Chef décorateur dans l’audiovisuel
Après un bac ES en 2010, et ne sachant pas quelles études me plairaient le plus, j’ai opté pour une classe préparatoire littéraire assez particulière, à Montreuil. Créée par des professeur·es engagé·es, avec beaucoup d’étudiant·es boursier·es. J’ai étudié pendant trois ans ce qu’on appelle les « humanités », dans une optique de décloisonnement des savoirs : ce qu’on apprend en philo peut très bien servir en histoire, ou en littérature, ou même en géographie ! J’y ai développé une méthodologie et une grosse capacité de travail, mais aussi des compétences de synthèse, et le goût de l’apprentissage.
En parallèle, à la sortie du bac, j’ai découvert le collectif « Les 1D – Short Sessions » : chaque mois, ce collectif basé à Paris et à Lyon proposait un thème sur lequel il fallait réaliser un court métrage d’une minute trente. Et chaque mois ou presque, pendant près de quatre ans, je réalisais un court avec des amis. Je pensais le monde du cinéma trop lointain, inaccessible. Et je croyais aussi qu’il n’existait que deux métiers : réalisateur·trice ou comédien·ne. Nous faisions tout, l’écriture, le storyboard, le découpage, le cadre, le son, le jeu, le montage, le mixage… Nous avions un budget et une organisation : une demi-journée par semaine pour l’écriture, puis le tournage la semaine suivante, puis montage et enfin projection du court le dernier samedi du mois. En budget : 20€, dont 15€ pour nourrir l’équipe !
En sortant de prépa, avec une grosse cinquantaine de courts potaches réalisés sur le pouce, j’entre en master de cinéma à Paris 7 en envoyant ces derniers à la directrice des études. Mais les six heures de cours par semaine m’ont résigné : ce n’était pas en étudiant qu’on faisait du cinéma. Ayant toujours travaillé, j’ai poursuivi sur la même lancée mes boulots d’intérim, manutention ou gardiennage, bar ou restau pendant plusieurs années, tout en décrochant quelques contrats en auto-entreprise pour du reportage, du clip…
En 2015, je décide de partir à vélo traverser la cordillère des Andes du sud au nord. Armé d’une caméra, j’y tourne un western surréaliste mettant en scène mon vélo, Rocinante, et moi-même dans une quête initiatique et drolatique de l’Eldorado. En 2017, après avoir parcouru 10 000 kilomètres, 7 000 mètres de dénivelé positif, je suis rentré en transatlantique à la voile, des Caraïbes à l’Espagne. Revenu à Paris, j’ai découvert un atelier de décor événementiel près de chez moi, et par la même occasion le métier -nouveau pour moi – de décorateur·rice. Simultanément, j’ai appris l’existence de la FÉMIS, une école publique de cinéma avec un parcours décor. Je l’ai tenté, et je l’ai eu !
À 27 ans, en reprise d’études, j’ai poursuivi mes piges de vidéaste, mes boulots de fabrication/installation événementielle. J’ai aussi continué à réaliser des courts métrages en mettant l’accent sur la déco. Car maintenant je le sais : j’aime mettre en scène mais j’ai aussi une profession qui est ma passion, la fabrication de décors. Passionné de bricolage, formé à de nouvelles méthodes qui m’étaient inconnues avant de faire la FÉMIS, je m’oriente maintenant vers des postes de Geo Trouvetou (accessoiriste meublage, SFX…), en fabriquant l’impossible (si possible), et en réfléchissant aux idées saugrenues qu’on me soumet, ou que j’imagine moi-même. En 2023, je suis sur ma troisième année d’intermittence, treize ans après avoir réalisé et décoré mon premier court métrage. J’ai travaillé sur plus de 300 projets payés depuis 2018, et je continue à travailler pour des metteur·euses en scène et à mettre en scène mes idées en parallèle de mon travail.