J’ai préparé un BTS audiovisuel option Montage au lycée Jacques Prévert de Boulogne-Billancourt, entre 1992 et 1994, puis une licence et une maîtrise de cinéma à Paris VIII. Mon mémoire, dirigé par Jean-Paul Fargier, était consacré à Jacques Rivette. J’ai fait ensuite un DEA et une thèse à Paris III sur le Groupe Dziga Vertov et Cinéthique, sous la direction de Gérard Leblanc.
Parallèlement à mon doctorat, j’ai été admis au département Réalisation de la Fémis, où j’ai réalisé plusieurs films d’étude dont un documentaire sur les prisons (Lettre aux enfermés de l’extérieur) et un film de fiction sur l’implication de la France dans le génocide au Rwanda (Loin de Bisesero). J’ai essayé dans ces films, et dans quelques autres réalisés depuis, d’expérimenter des nouages entre cinéma et politique. J’ai ainsi participé en 2009, ,sur l’invitation de Nicole Brenez, au film collectif Outrage & Rebellion avec un court-métrage qui s’inscrit dans la continuité de ces questionnements.
En 2002, ayant soutenu ma thèse, j’ai commencé à enseigner comme chargé de cours à Paris III, puis, à partir de 2007, comme maître de conférences à l’Université de Paris Est – Marne-la-Vallée. Au sein d’une petite équipe de titulaires en cinéma, musique et arts numériques, nous y tentons une articulation originale des enseignements historiques et théoriques avec les apports pratiques et instrumentaux, en favorisant une pratique consciente et réfléchie, qui se nourrit d’une réflexion théorique conçue comme un outil de réponse aux questions que cette pratique soulève. Ainsi, à la question « que faire pour faire du cinéma ? », nous essayons de substituer cette autre question : « quel cinéma voulez-vous faire ? ».
La première année de Licence accueille 70 étudiants, sélectionnés parmi 600 candidatures, sur dossier. La lettre de motivation et les résultats scolaires, notamment en Français, histoire, philosophie et anglais, pèsent beaucoup dans l’évaluation des dossiers car les études universitaires requièrent de nombreux travaux rédigés et argumentés, nourris d’une culture générale maîtrisée. Pour la même raison, nous accordons la préférence au Bac général.
La pratique et la technique représentent un tiers des enseignements, et ce dès la licence. Tous les étudiants, en licence comme en master, participent chaque année à une réalisation en vidéo. De même, tous les étudiants en deuxième et troisième année de licence bénéficient d’une formation au montage sur des stations Avid, ce qui leur permet d’être opérationnel dès leur stage de fin de licence (un mois obligatoire).
Mais, même si 80% de nos étudiants trouvent du travail dans le secteur dans les 5 ans qui suivent leur diplôme, l’université n’a de mon point de vue ni les moyens, ni la vocation de délivrer une véritable formation technique. Nous visons surtout des compétences généralistes et polyvalentes, à charge pour les étudiants de se spécialiser selon leurs projets par les stages professionnels qui peuvent être effectués dès la fin de la première année.
La licence se poursuit par un master qui se divise en deux spécialités : Musiques et arts sonores et Cinéma et audiovisuel, qui se déclinent à leur tour en deux parcours : Arts numériques – multimédia ou Archives et création. Ce second parcours, pour lequel nous travaillons avec les Archives du Film, l’INA ou encore la BNF, attire malheureusement moins d’étudiants, sans doute à cause de la connotation un peu injustement poussiéreuse du mot archive, alors qu’il offre beaucoup d’intérêt, à la fois en termes de recherche et de débouchés professionnels. Il soulève des questions qui seront prépondérantes dans les années à venir, telles que l’archivage des pages web, la redistribution par les technologies numériques des archives audiovisuelles, leur conservation, leur accès et leur valorisation.
*Maître de conférences à l’université de Paris Est – Marne-la-Vallée, co-responsable de la licence cinéma et audiovisuel
(Témoignage publié dans le guide des formations 2010)