Annick Teninge, La Poudrière, école du film d’animation

Annick Teninge, La Poudrière, école du film d’animation

La Poudrière propose une formation supérieure spécialisée à la réalisation de films d’animation. Petite et jeune, la Poudrière porte cependant haut ses ambitions : accueillir et former les futurs talents qui poursuivront l’aventure du cinéma d’animation, et contribuer ainsi au développement d’un cinéma de qualité, dans la compréhension du public auquel il s’adresse. Le cursus professionnalisant est de deux ans à temps plein et chaque promotion réunit une dizaine d’étudiants et stagiaires, français et étrangers.

La Poudrière a été créée à Valence en 1999, à l’initiative du studio Folimage, portée par le soutien de professionnels et de partenaires financiers multiples convaincus de l’originalité de son projet. Délibérément installée en région, elle a une vocation nationale et internationale, principalement européenne, qui correspond aux réalités et aux évolutions professionnelles et économiques du secteur de l’animation. En 2009, la Poudrière s’est installée à la Cartoucherie à Bourg-lès-Valence aux côtés de Folimage et autres acteurs de l’image, formant la Cour des Images, site d’excellence qui conjugue de manière unique production, diffusion, formation et action culturelle. A la Cartoucherie, la Poudrière a lancé une nouvelle offre de formation professionnelle sous forme de stages courts portant sur des enjeux de réalisation : écriture, story-board et mise en scène.

Les critères de recrutement des étudiants et stagiaires suivent les objectifs de la formation : qu’ils se soient préparés avec une formation technique en animation, qu’ils sortent d’une école des beaux-arts, qu’ils soient autodidactes ou qu’ils aient déjà travaillé dans le cinéma d’animation, tous les candidats ont un point commun : âgés d’au moins 22 ans, ils ont déjà réalisé de petits travaux ou des essais de films d’animation ; leur culture générale et artistique doit être solide ; la motivation est un argument déterminant. L’ensemble de ces éléments ne définit pas un public particulier sur la base de critères sociaux ou d’un strict niveau de formation, mais plutôt des candidats recrutés sur la base d’un projet professionnel. La Poudrière n’est donc pas une école où l’on vient découvrir le cinéma d’animation, mais plutôt se spécialiser à la réalisation, porté par l’envie de raconter des histoires.

Le programme des enseignements repose sur la réalisation personnelle ou collective de films d’animation. Les techniques sont laissées au libre choix de chacun des étudiants. La rencontre systématique avec des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, mais aussi du théâtre, de la littérature ou de la musique permet à chacun de puiser dans l’expérience des intervenants la matière d’une formation professionnelle dont il pourra tirer son propre parti. En les invitant à expérimenter eux-mêmes chaque étape de la fabrication d’un film, l’école propose aux étudiants et stagiaires d’apprécier ce qu’est la responsabilité du réalisateur et comment se construit la cohérence d’un film. Tous ne deviendront pas pour autant réalisateurs. Certains travailleront sur leurs propres films, d’autres intégreront des équipes. Certains développeront des projets pour le cinéma, d’autre pour la télévision ou le cross media. Le pari de la Poudrière est que, quelles que soient les fonctions occupées par la suite, quels que soient les projets et les formats, cette vision complète du film et du travail de réalisation, porte plus loin d’exigence du travail bien fait et que ces talents créatifs servent avant tout la qualité de leurs projets. Le parcours professionnel des étudiants sortis témoigne de la justesse de cette approche axée sur les fondamentaux, qui permet l’apprentissage rigoureux d’un métier tout en développant la créativité.

Dans un contexte économique et culturel résolument incertain, il parait essentiel de maintenir le cap ; de continuer à développer une formation qui allie technique et artistique, apprentissage et expérimentation. Un journaliste qui s’interrogeait sur l’évolution des pratiques culturelles pointait ces consommateurs de divertissement qui « si anxieux de n’être pas là où ils croient se trouver, passent leur temps à enregistrer, filmer ce qu’ils n’entendent ni ne voient plus ». Le programme de formation de la Poudrière permet à ses étudiants et stagiaires de se consacrer totalement pendant deux ans à l’apprentissage de la réalisation de film d’animation. Cette formation longue offre le luxe de prendre le temps d’allier un apprentissage rigoureux à l’expérimentation et à l’échange ; de prendre le temps de donner un sens aux images, pour un public qui n’est pas forcément un consommateur impatient et volatile, mais une personne curieuse, attentive. Une vraie gageure ! Ce qui est tangible en tous cas au sein de la Poudrière, c’est cette volonté d’être un laboratoire, une contribution vivante à un art « indisciplinaire ». Si j’ai un conseil à donner à des jeunes qui souhaitent s’orienter vers ce métier, c’est celui de l’expérimentation et de l’échange.

(Témoignage publié dans le guide des formations 2010)