À PROPOS DE SON FILM Sécheur (2015, 23’ – GREC)
J’ai fait des études de cinéma à l’université Paris I (Panthéon Sorbonne) jusqu’au Master 2 et j’ai commencé ensuite à travailler dans le montage, grâce à une amie d’ami qui est monteuse et qui cherchait pour un projet un assistant sans pouvoir le rémunérer. J’ai fait un peu de travail gratuit pour elle et en échange elle m’a appris le métier. Cela fait donc trois ans que je travaille comme monteur ou assistant monteur.
J’avais déjà fait des petits films totalement fauchés à la fac mais Sécheur est mon premier film financé. Le film s’inspire librement d’une nouvelle de Joyce, extraite des Gens de Dublin. C’est l’histoire de deux jeunes garçons qui ont été amis et qui se retrouvent en séchant l’école l’espace d’une journée, puis s’éloignent l’un de l’autre le soir venu. J’ai pensé le film comme une sorte de conte initiatique sur ce moment de l’enfance où l’on sort de sa bulle, de l’univers clos de l’école, pour aller à la rencontre du monde.
J’ai écrit pendant trois mois un scénario en collaboration avec Ariane Prunet, la monteuse du film, que j’ai envoyé au GREC. Je leur avais déjà proposé quelques années plus tôt un autre projet mais il n’avait pas été retenu. Le scénario a fait ensuite l’objet de différents aménagements pour le tournage. Par exemple, les enfants étaient plus jeunes dans le scénario mais il était moins compliqué pour le tournage de prendre des adolescents. Il y avait aussi une scène qui devait être tournée dans un train alors que les autorisations pour filmer dans les transports en commun sont coûteuses et compliquées à obtenir. Du coup, on les a fait partir en vélo.
J’ai été accompagné pendant toute la phase de préparation par le GREC pour faire le casting, trouver l’équipe technique, louer le matériel et établir les devis. Le film a été financé avec la seule contribution du GREC, soit 18 500 €, un budget insuffisant pour rémunérer l’équipe et les comédiens, mais qui me permettait malgré tout de faire le film. J’ai tourné en Bourgogne parce que j’avais besoin d’une rivière pour les scènes de baignade, qui ne soit pas trop éloignée de Paris pour les allers-retours. C’est le bureau des tournages de la Région qui m’a proposé ce lieu.
Pour le casting, j’avais repéré l’un des acteurs dans un autre court métrage produit par le GREC il y a quelques années. Depuis l’enfant avait grandi et avait l’âge de mon personnage. J’ai trouvé l’autre personnage adolescent en mettant des annonces sur Internet. L’adulte qui joue dans le film est un acteur de théâtre, Thibaut Lacroix. Les figurant·es sont des élèves d’une école locale.
Le tournage s’est fait en juillet 2014. Il a duré six jours et on aurait de toute façon pas pu tourner davantage en raison du budget. J’étais un peu inquiet avant le tournage car les adolescents ne voulaient pas que leurs parents soient présent·es et je ne savais pas trop comment cela se passerait sans eux/elles, mais nous en avons parlé et tout s’est finalement bien déroulé. Nous avons eu également un petit souci avec les scènes de baignade car l’eau était glacée, même si nous étions en été. L’équipe devait filmer dans l’eau et tout le monde était en combinaison mais les acteurs devaient donner l’impression qu’ils prenaient du bon temps. La première fois, j’ai dit à Mohamed Serhane, le comédien principal : « Tu nages et tu t’amuses », mais quand j’ai dit « action », j’ai vu qu’il ne bougeait pas, parce qu’il était gelé. Mais je crois qu’on a fini par y arriver, les jeunes étaient vraiment épuisés mais ça a été pour eux aussi une belle expérience.
Les finitions ont été terminées en décembre. Le film a été sélectionné à Clermont-Ferrand en février, puis à Alès, à Cinémaginaire à Argelès, et à Côté Court à Pantin. Il est aussi passé au festival Partie de campagne, dans le Morvan.
Je travaille sur un nouveau projet de court métrage, avec une société de production qui a vu le film à Clermont. C’est l’histoire d’une adolescente et de son oncle, en deux journées, racontée du point de vue de chaque personnage ; je ne sais pas encore à quoi ressemblera le film mais tel que je l’imagine aujourd’hui, il sera très différent du précédent.
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Témoignage publié dans le Guide des Aides 2015.