Je suis entré comme chef d’exécution dans un studio d’animation la région de Saint-Malo dans les années quatre-vingt-dix et j’en ai pris deux ans plus tard la direction. D’une vingtaine de salariés au départ, le studio a grandi jusqu’à employer plus de cent personnes, ce qui nécessitait des recrutements réguliers ainsi que la mise en place d’actions de formation, puisque le personnel devait être formé sur les logiciels internes utilisés pour le compositing. En 1994, la maison mère située à Paris décide d’ouvrir un autre studio à Ho Chi Minh Ville au Viêt Nam et m’a envoyé sur place pour diriger le recrutement et la formation. J’y suis allé régulièrement pendant trois ans, et lorsque j’ai quitté le Viêt Nam, le studio employait 150 personnes. Toujours salarié du même groupe, j’ai ensuite été chargé d’assurer des formations courtes pour les studios utilisant notre logiciel, qui commençait à être vendu en Roumanie, en Pologne, en Australie, au Canada ou en Chine.
En 1998, j’ai été informé d’un projet de création à Angoulême d’une école dédiée au cinéma d’animation. J’ai postulé pour en prendre la direction et j’ai intégré en février 1999 la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Angoulême, organisme gestionnaire de l’école, pour préparer la rentrée prévue en septembre de la même année. J’avais sept mois pour chiffrer les investissements nécessaires, élaborer un programme de formation et évaluer le budget de fonctionnement sur les trois premières années. Les locaux étaient ceux d’une ancienne clinique, bâtiment superbe mais longtemps abandonné, squatté et fortement saccagé. À mon arrivée, des minis tractopelles au rez-de-chaussée arrachaient le plancher, il n’y avait ni portes ni fenêtres et des bruits de marteaux piqueurs à tous les étages mais tout s’est arrangé avec un peu d’organisation et l’appui de la CCI, et l’école a ouvert ses portes comme prévu en septembre 1999 pour accueillir sa première promotion de quinze étudiants. Tout était prêt, les salles installées, le matériel reçu, le bâtiment tout neuf.
Depuis cette date, l’école n’a cessé d’évoluer : en 2001 nous avons créé l’EMCI département de l’EMCA en charge d’enseigner la 3D sur un an. Le but était d’inciter certains étudiants de l’EMCA à se spécialiser en 3D avec une année supplémentaire, mais aussi de pouvoir faire un recrutement à l’extérieur au niveau Bac+2. Les effectifs ont également augmenté, nous sommes passés à vingt étudiants par année, soit soixante en tout.
En 2008 nous avons décidé d’intégrer l’EMCI au cursus de l’EMCA qui est ainsi passé à trois ans. Dans le même temps, nous avons agrandi l’école en occupant un bâtiment à proximité et dans le même parc, ce qui nous a permis de pouvoir accueillir quarante étudiants par an, soit cent-vingt au total. En 2009 nous avons obtenu l’inscription du titre assistant-réalisateur de cinéma d’animation au RNCP, niveau iii, ainsi que la certification ISO 9001-2008 pour l’ensemble de nos formations.
Ce nouveau cursus est découpé sur les trois années de la façon suivante : une première année de tronc commun qui offre aux étudiants une expérience du très large champ du cinéma d’animation. Elle comprend l’apprentissage technique des bases traditionnelles – dessin, dessin d’animation, layout ainsi que la formation aux logiciels 2D et 3D indispensables à la pratique professionnelle. Chacune de ces deux formations occupe deux journées par semaine. La cinquième journée est consacrée à un enseignement général et technique, ainsi qu’à un espace de rencontre sur l’art. À la fin de la première année, les étudiants choisissent une spécialisation 2D ou 3D qui conduit à constituer deux groupes de vingt élèves. L’ensemble de l’enseignement de l’EMCA tend cependant à faire disparaître les barrières entre les deux filières par des enseignements communs et en encourageant les collaborations entre étudiants ou enseignants ainsi que les créations mixant les deux techniques.
La deuxième année est structurée en ateliers de quatre jours consécutifs. Chaque atelier est dédié à une question spécifique, théorique ou pratique. Ces sessions approfondissent et étendent les enseignements techniques de la première année. Elles permettent aussi d’aborder les problématiques esthétiques ou de gestion de projet. Les ateliers sont principalement consacrés aux domaines de l’écriture, du son, du design, du story-board, du layout de l’animation et des décors. Mais aussi du volume traditionnel, du modeling, de l’éclairage, des effets spéciaux du compositing, de la production et de la diffusion. Une journée par semaine est consacrée à l’histoire du cinéma et à l’étude des théoriciens et des auteurs de cinéma d’animation. Cette deuxième année du cursus prépare les étudiants à l’autonomie de travail. Elle se conclut par la réalisation d’un film court, dans le temps limité du dernier
trimestre.
La réalisation d’un court-métrage – ou la co-réalisation pour les élèves qui souhaitent s’associer pour un projet commun – occupe toute la durée de la troisième année. Elle est suivie par des réalisateurs professionnels et des artistes auteurs. Cette production personnelle est l’aboutissement d’un développement conduit par chaque élève depuis son arrivée dans l’école, et accompagné dans une relation individuelle par l’équipe permanente.
(Témoignage publié dans l’édition 2012/2013 du Guide des Formations)