Les grandes filières françaises de formation en cinéma sont connues : La fémis et l’Ecole Louis Lumière. Beaucoup d’appelés, peu d’élus pour la poursuite d’un rêve d’adolescent : être moderne, riche et célèbre. Cela est dû au fait qu’on en est resté aux grands clichés sur les métiers : réalisateur, scénariste et directeur de la photo ou du son. Si l’on ne peut pas entrer par cette porte étroite, on rêve de grandes institutions : la Culture et la Critique. Mais ce n’est pas là non plus que le recrutement est massif et annuel. Il suffit de poser autrement la question pour trouver quelques éléments de réponse. La fémis et Louis Lumière forment des professionnels qui, pour beaucoup d’entre eux, travailleront plus tard à — ou pour — la télévision.
L’Université donne une formation générale sur le cinéma de haute tenue, très utile dans de multiples métiers. On l’oublie trop souvent, ces métiers ne concernent pas seulement la création, mais aussi la distribution, l’exploitation et la valorisation. La télévision a besoin d’assistants de production, de responsables de programme (constituer et alimenter une grille de programmes), de responsables d’achat et de co-production (acheter des films déjà réalisés, co-produire pour une diffusion des films), des responsables juridiques (retrouver des ayants-droit, gérer des contrats avec des artistes ou des détenteurs de portefeuilles), des directeurs de publication pour des lettres d’information (présenter les programmes, les films).
Plus généralement encore, le cinéma a besoin d’attachés de presse rapides et synthétiques, de distributeurs futés, d’exploitants volontaires. Sans parler de l’édition de DVD qui demande des compétences multiples pour agréger autour d’un film un appareil critique attirant. Ce ne sont certes pas des avenues de recrutement, mais d’une part dans cette sphère coexistent de très nombreuses petites structures indépendantes à la recherche de talents dans ces domaines, et d’autre part les évolutions y sont rapides (il est vrai en bien comme en mal). Ce qu’il faut comprendre, c’est que la démultiplication des voies de diffusion du cinéma crée une concurrence accrue entre les secteurs où in fine la capacité de valorisation des œuvres est sans doute une des clés de la réussite.
(Témoignage publié dans l’édition 2001 du Guide des Formations)