Sur un plateau de cinéma, la femme (oui, en France il n’existe qu’un seul script-boy) qui suit partout le réalisateur armée d’un chronomètre, d’un polaroid et de nombreux cahiers est la scripte, appelée « continuity girl » par les anglo-saxons car elle est responsable de la continuité du scénario. On a coutume de dire que la scripte est la mémoire d’un film : en effet, pour des raisons économiques, un film n’est pas tourné dans l’ordre chronologique. Aussi la scripte doit être garante des bons raccords et travailler ainsi étroitement avec tous les postes.
Elle doit veiller aux raccords de costumes, de coiffure, de lumière, de décoration, d’accessoires, de jeu, de rythme, d’ambiance sonore, de regards (dans un champ/contre-champ, si l’un regarde son interlocuteur à droite, l’autre doit le regarder en retour à gauche sinon on a l’impression qu’ils ne se regardent pas). S’assurer que les comédiens disent bien les dialogues écrits, numéroter les différents plans et les annoncer au clapman. Elle doit faire un rapport quotidien pour la production regroupant les comptes de la pellicule consommée chaque jour, du minutage utile tourné quotidiennement, des comédiens et figurants présents. Elle écrit un rapport par plan pour le ou la monteuse du film où elle décrit l’action, le dialogue, le mouvement de caméra, l’objectif utilisé, les filtres, la distance. Elle doit signaler si le plan est tourné de jour, de nuit, en extérieur, en intérieur être garante finalement que deux plans pourront se monter l’un après l’autre harmonieusement. Souvent dans l’ombre du réalisateur, la scripte a donc un rôle clé : elle est le centre de renseignements de toute l’équipe.
Dans une équipe de long-métrage ou de téléfilm, la scripte jouit d’une place stratégique relativement privilégiée, très proche de la mise en scène, de la caméra et des comédiens. Cependant, il n’y a pas de César de la scripte ! car son travail ne génère aucune création artistique même si ses propositions y contribuent parfois.
Comment accéder à ce poste ? Autrefois, l’IDHEC ex-Fémis évoquait à peine cette fonction. Actuellement, la fémis forme des futures scriptes . Toutefois, le C.N.C. exige pour obtenir la carte professionnelle au moins trois stages comme stagiaire-scripte, plus un stage montage sur un film français ou un stage-laboratoire de trois mois. Les productions acceptent difficilement d’engager une stagiaire-scripte alors que les stagiaires à la mise en scène ou à la régie pullulent. Il faut souvent se battre pour en obtenir une, qui soulagera la scripte dans ses écritures ou pour un tournage à plusieurs caméras, et qui se formera. Je concluerai avec une phrase d’une scripte fameuse dans le cinéma français : “Sachez que vous ferez votre premier film avec un réalisateur de l’âge de votre père et le dernier avec un réalisateur de l’âge de votre fils.
(Témoignage publié dans l’édition 2001 du Guide des Formations)