Jean-Marie Lequertier, rédacteur en chef à France 2

Jean-Marie Lequertier, rédacteur en chef à France 2

Aujourd’hui toutes les caméras de reportage deviennent numériques et se miniaturisent, et on en mesure encore mal les conséquences. Il y a quinze ans déjà, la Betacam a été à l’origine de la remise en question de certains métiers car c’est un outil conçu pour une pratique journalistique radicalement différente, celle d’un journaliste techniquement polyvalent et travaillant seul. Outil de reportage performant, le camescope a permis plus de souplesse et de rapidité dans le traitement de l’information. Utilisant des cassettes vidéo compactes, la Betacam se distingue surtout par la très haute définition de son image parrapport aux autres standards vidéo. Les autres avantages techniques les plus marqués sont la prise de son intégrée à la caméra qui est directement équipée d’un micro d’une bonne sensibilité et également la possibilité de filmer en lumière réduite.

Le premier effet de l’utilisation du camescope a été la modification du traitement de l’information, dans le sens d’une plus grande disponibilité, rapidité, d’un meilleur rendu du vécu, d’un style plus percutant et plus rythmé. Mais la Betacam a surtout remis en cause la division traditionnellle du travail par compétence technique. Simplification d’utilisation et miniaturisation ont remis en cause le principe de division des tâches par techniques.

Le JRI peut désormais plus facilement travailler le cadre, dans l’idée de le faire oublier au téléspectateur et de l’utiliser au mieux pour révéler une situation ou retracer la sensibilité, les émotions d’une personne. Le cadre est essentiel dans la manière de raconter une histoire et il doit s’intégrer aux différents types de reportages, et à leurs approches variées, qui constituent le journal télévisé.

Le JRI, outre sa compétence technique, doit aussi être un excellent journaliste, avoir le sens du contact, une grande rigueur. Sa capacité à identifier les scènes-clefs, à saisir souvent très rapidement les images qui résument toute une situation sont primordiales. C’est un métier où il y a peu de places et où le stress est énorme surtout en news.

(Témoignage publié dans l’édition 2001 du Guide des Formations)